De nos frères blessés
Histoire de deux pays
Avec l’agence Cartel, j’ai été invitée à découvrir le film « De nos frères blessés » de’Hélier Cisterne.
Synopsis :
Alger, 1956. Fernand Iveton, 30 ans, ouvrier indépendantiste et idéaliste, est arrêté pour avoir déposé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Il n’a tué ni blessé personne, mais risque pourtant la peine capitale. La vie d’Hélène, devenue la femme d’un « traître », bascule. Elle refuse d’abandonner Fernand à son sort. Adapté d’une histoire vraie, le film est une plongée à rebours au coeur de leurs souvenirs, une histoire d’amour et d’engagement brisée par la raison d’Etat.
Un livre, un film
De nos frères blessés de Joseph Andras
L’origine du deuxième long-métrage d’Hélier Cisterne se trouve le roman de Joseph Andras, De nos frères blessés. Ce livre est un phénomène littéraire à part entière qui plonge dans un des épisodes historiques récents les plus troubles de l’histoire de France, ce qu’on a mis des années à appeler la guerre d’Algérie. Ce moment trouble de l’Histoire où se mêle les histoires avec un petit « h » des familles qui se sont retrouvées prises dans ce conflit entre pays, identité, culture, religion…
L’histoire nous raconte la vie d’Ivetot, communiste, comme son père et la majorité de sa famille. Sa femme, Hélène est polonaise, immigrante ayant fui le rideau de fer et la rigueur du monde soviétique. Incompréhensions, différences, rêves…nous accompagnons ce couple dans ces expériences de vie et comment nos relations s’en retrouvent impactées.
Vincent Lacoste est un acteur que j’apprécie de plus en plus au fil de ses films. Nous l’avons connu dans des rôles d’adolescent aux hormones bouillonnantes et aujourd’hui, il incarne avec justesse ce personnage que l’Histoire ne retient pas particulièrement. Homme devenu victime d’un système politique.
De nos frères blessés : pourquoi aller le voir ?
Ce film permet de saisir une partie de notre Histoire, qui peut sembler lointaine et/ou floue…Alors qu’elle n’est pas si vieille et dont les répercussions peuvent s’observer aujourd’hui.
Ce film dénonce évidemment le pouvoir politique, la peine de mort, le manque de Justice, la volonté de se battre pour ses idéaux, le sens de la famille et des liens qui dépassent les liens du sang.
Ce film m’a particulièrement touché parce que je suis fille de Pied Noir. Mon père est né en Algérie française et est parti un peu avant l’Indépendance. C’est un sujet qui est souvent passé sous silence – en tout cas, le sujet est peu abordé car il reste douloureux et souvent honteux. Honteux d’avoir connu la misère, honteux d’avoir été « accueillis » par la France dans des conditions que nous pouvons encore observer et dénoncer aujourd’hui pour d’autres personnes réfugiées.
Être français sans être « vraiment » français. Aujourd’hui, les hommes et les femmes nés dans les anciennes colonies françaises ne rentrent même pas dans les « cases » de l’administration. Effectivement, en Algréie, leur département de naissance étaient le 91, 92, 93, 94…
Mais aujourd’hui, ces départements sont ceux de la petite et grande couronne en Île-de-France. Donc, comment les « codifier » ces anciennes colonies françaises ? Comment ces hommes et femmes trouvent leur place au sein d’une société qui n’a pas pensé à leur après ?
Les questions d’intégration, vous êtes français mais vous êtes des français un peu « différent ». Et puis, tous les impacts que cela a sur les générations d’après : porter un nom de famille à consonnance arabe, posséder certains trains physiques reconnaissables comme étant d’Algérie. Les histoires avec un petit h se mêlent à l’Histoire avec un H. Souvent, beaucoup de questions et seulement, des réponses partielles…
Alors, oui, allez découvrir ce film qui permet d’en apprendre plus. Oui, pour mieux comprendre certaines luttes identitaires. Oui, pour se laisser émouvoir par de merveilleux jeux d’acteur et d’actrice.
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